Le trouble affectif saisonnier (TAS) est un type de dépression récurrente et dépendante des saisons. La dépression saisonnière est également désignée comme un trouble dépressif majeur à tendance saisonnière dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM). Publié par l’Association américaine de psychiatrie, cet ouvrage de référence décrit et classifie les troubles mentaux.
Qu’est-ce que le trouble affectif saisonnier ?
Lorsqu’une personne souffre de trouble affectif saisonnier, elle éprouve des symptômes dépressifs qui s’aggravent généralement en automne et en hiver, lorsque les jours raccourcissent et s’assombrissent. Dans certains cas plus rares, les symptômes du TAS peuvent apparaître au printemps ou en été. On parle alors parfois de dépression saisonnière inversée.
Le trouble affectif saisonnier est cyclique. Au fil des saisons, les symptômes disparaissent ou changent, pour réapparaître chaque année à la même période.
Il est normal d’avoir des fluctuations d’humeur en fonction du temps, comme se sentir déprimé lors d’une journée d’hiver maussade. À l’approche de l’hiver, il est probable que vous soyez moins exposé au soleil. Vous pouvez même ressentir un stress accru avec les vacances d’hiver ou la fin de l’année au travail.
Toutes ces choses peuvent avoir un impact sur votre humeur. Mais il est important de se rappeler que la dépression saisonnière est plus que le blues de l’hiver. La dépression saisonnière est une forme récurrente de dépression qui peut être accablante et avoir un impact sur le fonctionnement quotidien. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’elle est courante et facile à traiter.
Symptômes
En tant que sous-type de trouble dépressif majeur, le trouble affectif saisonnier présente le même profil de symptômes que la dépression. La principale différence est que ces symptômes se manifestent selon un schéma saisonnier. Les symptômes peuvent inclure :
- Perte d’intérêt pour les activités ou les passe-temps
- Retrait social
- Irritabilité
- Tristesse
- Anxiété
- Manque de concentration
- Fatigue
- Pensées de mort ou suicidaires
Si vous avez des pensées suicidaires, appelez le 15 ou le 112 pour obtenir le soutien et l’aide d’un conseiller qualifié. Il existe aussi de nombreuses lignes d’écoute.
Symptômes dépressifs en automne et hiver
Il est à noter que les symptômes de la dépression saisonnière peuvent différer selon la saison. Le trouble affectif saisonnier est beaucoup plus fréquent en hiver. Les symptômes typiques de la dépression saisonnière d’automne et d’hiver peuvent inclure :
- Faible énergie
- Suralimentation
- Prise de poids
- Fortes envie de sucré
- Augmentation des besoin en sommeil, léthargie
Le trouble affectif saisonnier du printemps et de l’été est moins fréquent, mais il existe néanmoins. Le tableau des symptômes est différent, et peut inclure de l’agitation et une perte d’appétit.
Diagnostic
Si vous pensez être atteint de la dépression saisonnière, il est important de consulter votre médecin traitant. Il pourra vous aider à éliminer d’abord les autres affections qui pourraient être à l’origine de vos symptômes.
Pour diagnostiquer un trouble affectif saisonnier, votre médecin vous fera généralement passer un questionnaire de dépistage. Il y a le Questionnaire d’évaluation des schéma saisonniers (abbrégé en anglais par SPAQ). Parfois, un entretien plus rigoureux peut-être conseillé (source).
Pour recevoir un diagnostic de trouble affectif saisonnier, une personne doit d’abord répondre aux critères du trouble dépressif majeur, selon le DSM-5. Cela signifie qu’elle doit présenter au moins cinq des symptômes ci-dessous, dont au moins un des deux premiers de la liste.
Ces symptômes doivent être ressentis pendant la plus grande partie de la journée pendant au moins deux semaines consécutives :
- Humeur dépressive
- Perte d’intérêt ou de plaisir pour la plupart des activités
- Changements significatifs de poids et/ou d’appétit
- Troubles du sommeil
- Changements psychomoteurs
- Fatigue ou manque d’énergie
- Sentiment de dévalorisation
- Concentration réduite
- Pensées récurrentes de mort ou idées suicidaires
Le trouble affectif saisonnier présente les mêmes caractéristiques qu’un épisode dépressif majeur. Mais les symptômes doivent se manifester de manière saisonnière pour que le diagnostic soit posé.
Ensuite, pour répondre au diagnostic de trouble dépressif majeur à tendance saisonnière, il y a quelques critères supplémentaires.
Premièrement, il doit y avoir une rémission complète des symptômes dépressifs à la fin de la saison. Cela signifie que l’on commence à se sentir mieux au printemps, lorsque le soleil apparaît et que le temps se réchauffe.
Deuxièmement, il faut que les symptômes présentent un schéma saisonnier continu d’au moins deux ans. Pendant cette période, aucun épisode dépressif ne doit survenir en dehors de la période saisonnière.
Et troisièmement, il faut que les épisodes de dépression saisonniers soient significativement plus nombreux que les épisodes non saisonniers au cours de la vie.
Types
De nombreuses personnes qui pensent souffrir d’un trouble affectif saisonnier sont en fait atteintes d’un trouble affectif saisonnier subsyndromal (TAS-S). Il s’agit d’une forme plus légère de dépression saisonnière, communément appelée “blues de l’hiver”.
Si vous êtes atteint de TAS, vous pouvez ressentir certains des symptômes ci-dessus. Mais ne pas répondre à tous les critères de diagnostic du TAS. Cependant, même une forme légère de trouble affectif saisonnier peut avoir un impact sur votre vie. Et vous méritez certainement de l’aide si c’est le cas. De nombreux traitements de la dépression saisonnière peuvent également aider une personne souffrant de dépression saisonnière.
Le trouble affectif saisonnier subsyndromal (TASS) est une forme plus légère du trouble affectif saisonnier, souvent appelé “blues de l’hiver”.
Causes
En hiver, il est fort probable que vous vous leviez avant le lever du soleil et que vous quittiez le travail une fois le soleil couché. Ou peut-être qu’il fait tout simplement trop froid pour aller dehors et vous exposer à la lumière naturelle. Ce manque de lumière solaire peut entraîner ce que nous appelons le trouble affectif saisonnier.
Comme pour de nombreux problèmes de santé mentale, les causes du trouble affectif saisonnier sont complexes et se recoupent. Les principales théories sur les causes comprennent des problèmes de régulation de la sérotonine, des modifications de la mélatonine, une carence en vitamine D et des modifications du rythme circadien. Toutes découlent d’un manque de lumière solaire.
- Régulation de la sérotonine : Le manque de lumière du soleil entraîne une baisse de l’activité de la sérotonine, ce qui crée des symptômes dépressifs. Une étude de 2016 a révélé que les participants souffrant de troubles affectifs saisonniers présentaient une incapacité à réguler à la baisse la sérotonine en hiver, par rapport aux personnes en bonne santé.
- Changements de mélatonine : Les changements saisonniers et le manque de lumière du soleil peuvent entraîner une surproduction de mélatonine. Ce qui a un impact sur l’humeur et l’énergie.
- Le rythme circadien : Un ensoleillement moindre en hiver peut modifier le cycle veille-sommeil de l’organisme et entraîner des symptômes dépressifs.
- Carence en vitamine D : Le manque de soleil peut entraîner un faible taux de vitamine D. Et il a été démontré qu’il contribue à la dépression.
A noter que les lampes de luminothérapie sont parfois appelées “lampes vitamine D”. Cette appelation est incorrecte, car les lampes de luminothérapie n’agissent pas sur la production de vitamine D. Leurs nombreux bienfaits ne provient pas d’une stimulation de la production de la vitamine D, mais d’un effet sur la chimie du cerveau.
Hypothèse du changement de phase
L’hypothèse du changement de phase est une théorie sur la cause du trouble affectif saisonnier. Elle suppose que le manque de lumière solaire pendant les mois d’hiver entraîne une modification du rythme circadien. Les personnes étant soit “en avance de phase”, soit “en retard de phase” (source).
La majorité des personnes souffrant de troubles affectifs saisonniers présentent un retard de phase. Ce que vous pourriez reconnaître comme des tendances à devenir couche-tard. Ces modifications du rythme circadien pourraient ainsi expliquer les sentiments de léthargie, de fatigue et d’autres symptômes dépressifs ressentis pendant la journée.
Facteurs de risque
Vous pourriez être plus à risque de développer un trouble affectif saisonnier si vous présentez l’un des facteurs de risque suivants :
- Être une femme
- Vivre à une latitude extrême nord ou extrême sud
- Diagnostic antérieur de dépression majeure ou de bipolarité
- Antécédents familiaux
Traitement
Le trouble affectif saisonnier est très facile à traiter. Il existe une variété de méthodes de traitement de la dépression saisonnière, notamment la luminothérapie, la psychothérapie et les médicaments.
La luminothérapie, également appelée photothérapie, est depuis longtemps un traitement majeur de la dépression saisonnière. Elle consiste à utiliser une lampe de luminothérapie, généralement le matin, pour s’exposer à une lumière artificielle vive. Cette lumière imite le soleil et est censée réguler les neurotransmetteurs et les rythmes circadiens. Ce qui réduit ainsi les sentiments de dépression.
Une étude préliminaire réalisée en 1984 a révélé que la photothérapie avait un effet antidépresseur chez les personnes souffrant de dépression saisonnière. Cette conclusion a été confirmée par d’autres recherches au fil des ans. A noter qu’une méta-analyse ultérieure ait révélé que la plupart de ces recherches étaient de faible qualité et que des recherches plus rigoureuses étaient nécessaires (source).
Comment bien organiser ses séances
Le moment de la journée, la puissance et la qualité de la lumière sont tous importants pour une luminothérapie efficace. Il n’existe pas de lignes directrices universellement reconnues pour la luminothérapie, mais la recherche soutient (source) :
- Utilisation de lampes de luminothérapie d’au moins 10 000 lux pendant 30 minutes
- Traitement matinal, idéalement avant 8 heures chaque jour
- S’asseoir près de la lampe de luminothérapie, idéalement à moins de 40 centimètres
- Recevoir la lumière indirectement par les yeux, en plaçant la lampe de luminothérapie dans le champ de vision mais pas directement sur le visage
- Commencer le traitement dès le début des symptômes en automne ou en hiver. Ensuite, vous arrêtez le traitement au printemps et en été.
En tenant compte de cela, vous pouvez installer votre lampe de luminothérapie pendant que vous vous maquillez le matin, ou peut-être pendant que vous prenez votre petit-déjeuner ou buvez votre café matinal. Vous pouvez également le placer à côté de votre ordinateur lorsque vous consultez vos courriels du matin, afin de vous assurer que la lumière pénètre dans vos yeux.
Veillez également à régler votre lampe de luminothérapie sur 10 000 lux au minimum. Il est également sage de commencer par quelques minutes par jour et de voir comment vous vous sentez. En effet, la luminothérapie peut déclencher de l’agitation chez certaines personnes, voire causer des troubles du sommeil. N’oubliez pas que la lumière est un puissant stimulant.
Pour obtenir les meilleurs résultats, il est essentiel de choisir le bon moment, la bonne intensité et le bon emplacement pour vos séances de luminothérapie. Les recherches actuelles préconisent une luminothérapie de 10 000 lux pendant 30 minutes chaque matin, généralement à partir du début de l’automne.
Psychothérapie
La psychothérapie, et plus particulièrement la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), peut constituer un traitement efficace du trouble affectif saisonnier. La TCC-SAD est un type de TCC qui a été adapté aux personnes souffrant de trouble affectif saisonnier (source).
La TCC vous apprend à prendre conscience de vos propres pensées et à remplacer les pensées négatives par des pensées plus positives. Par le biais de l’activation comportementale, on vous apprend également à identifier et à adopter des comportements qui peuvent vous aider à faire face à la situation, comme un programme d’exercices ou une promenade à l’extérieur chaque matin.
Un test contrôlé à répartition aléatoire de 2015 (source) a comparé la TCC-SAD à la luminothérapie chez les personnes souffrant de dépression saisonnière. L’étude a révélé que six semaines de TCC-SAD avec deux séances de 90 minutes par semaine améliorent les scores de dépression dans une mesure comparable à celle des séances quotidiennes de 30 minutes de luminothérapie à 10 000 lux.
Fait intéressant, dans une autre étude, ces mêmes chercheurs ont constaté que deux ans plus tard, le groupe TCC-SAD présentait une récurrence des symptômes nettement inférieure à celle du groupe de luminothérapie. Ces résultats impliquent que la TCC pourrait être un traitement plus durable que la luminothérapie.
Les bénéfices de la thérapie cognitivo-comportementale pour le trouble affectif saisonnier pourraient être plus durables que ceux de la luminothérapie.
Médicaments
Les médicaments sont une autre option pour le traitement du trouble affectif saisonnier.
Un test à répartition aléatoire mené en 2005 a révélé que le bupropion, comparé à un groupe placebo, pouvait prévenir l’apparition de symptômes dépressifs s’il était administré tôt dans la saison, avant que les participants ne deviennent symptomatiques (source).
Adaptation de son mode de vie
En plus des traitements susmentionnés pour la dépression saisonnière, vous pouvez également modifier votre mode de vie pour favoriser le bien-être mental pendant les mois les plus sombres. Ces changements comprennent :
- Prendre soin de son sommeil, se coucher à heures fixes
- Sortir chaque jour
- Faire de l’exercice régulièrement
- Adopter une alimentation saine et équilibrée
Certains suppléments en vente libre peuvent également vous aider à gérer le trouble affectif saisonnier, bien que vous deviez consulter votre médecin sur les dosages et l’utilisation.
Supplémentation en vitamine D
La carence en vitamine D a été associée à la dépression, et une supplémentation pourrait contribuer à améliorer les symptômes. Notre principale source de vitamine D est le soleil. Comme l’exposition au soleil est la plus faible pendant les mois d’hiver, quand la dépression saisonnière devient plus fréquente.
Une étude de 1998 (source) a révélé que la prise de 100 000 U.I. de vitamine D, comparée à des séances de photothérapie quotidiennes, améliorerait de manière significative les scores de dépression dans les cas de dépression saisonnière. A noter qu’une étude ultérieure réalisée en 2006 sur 2 117 femmes (source) a montré qu’une supplémentation quotidienne de 800 UI de vitamine D n’améliore pas les scores de dépression.
Bien que les résultats soient mitigés, les médecins recommandent généralement de faire attention à ne pas être carencé en vitamine D. Ils recommande de prendre des compléments alimentaires, de s’exposer au soleil et r’intégrer à son alimentation des aliments riches en vitamine D comme le poisson et le lait.
Supplémentation en mélatonine
Une supplémentation en mélatonine pourrait également contribuer à améliorer les symptômes de la dépression saisonnière, en se fondant sur l’hypothèse du déphasage selon laquelle la dépression saisonnière est liée à des modifications du rythme circadien.
Une supplémentation en mélatonine, similaire à la luminothérapie, peut aider à réguler le rythme circadien. Il est à noter que la mélatonine peut être utilisée pour les personnes totalement aveugles, qui ne peuvent pas bénéficier de la luminothérapie.
La quantité et l’heure de la prise ont un impact sur l’efficacité de la mélatonine, et pourraient entraîner des effets indésirables si elle est prise au mauvais moment de la journée. Une étude de 2006 a recommandé qu’une faible dose appropriée de mélatonine, prise l’après-midi, pouvait améliorer les symptômes, bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour étayer ces affirmations.
Pour conclure
Vous n’êtes pas seul si vous sentez votre humeur changer avec les saisons. Cependant, si vous ressentez des symptômes qui ont un impact sur votre vie quotidienne et votre fonctionnement, cela vaut la peine de parler à votre médecin du trouble affectif saisonnier (TAS).
Il est possible d’obtenir de l’aide grâce à divers traitements fondés sur des données probantes et à des modifications du mode de vie en fonction des saisons.
Vous pouvez aussi considérer l’utilisation d’une lampe de luminothérapie.